Le Puget-Ville Mag’ est allé à la rencontre virtuelle de Charlotte Gauvrit qui tient la ferme Cante Perdrix à Puget-Ville. Si elle a bien conscience de la chance qu’elle a de vivre le confinement dans un endroit privilégié, certains côtés de cette période la rendent chèvre.
Comment vivez-vous le confinement en tant qu’agricultrice ?
Dans l’ensemble ce n’est pas terrible quand même…En plus, il y a eu le fameux gel des 25 et 26 mars, pas mal de vignes ont été touchées et du coup les Balades Gourmandes ont été annulées. Nos voisins viticulteurs ont le moral quand même mais il y a, comme de partout maintenant, des soucis de toutes sortes. Les maraîchers ne plantent pas assez vite pour suivre les besoins de leur public qui s’agrandit tous les jours : l’offre ne suffit guère à la demande actuellement. Les éleveurs comme nous ce n’est pas pareil, on devrait être en pleine production or le manque de places de vente publiques nous contraint à baisser “artificiellement” la production : 3/7ème du lait passent en alimentation pour les chevreaux, 2/7ème servent à fabriquer de la tomme que je stocke en chambre d’affinage pour vente ultérieure (à partir du mois de Juillet) et seulement 2/7ème de la production sont réservés au fromage que je fais d’habitude et qui est écoulé en livraison aux particuliers.
et votre quotidien ?
Je suis encore plus dans mon élément ! Les oiseaux sont plus nombreux à chanter le matin, le ciel est clair, la forêt est tranquille et uniquement réservée aux chèvres qui se régalent plus que d’habitude. Je peux même libérer les chevreaux tous les après-midis, personne ne les perturbera. A part la vente sous forme de livraison, je ne change pas mes habitudes et nous avons un très grand espace à disposition pour subvenir aux besoins de la ferme. Je suis bien consciente que c’est une chance.
Un message à transmettre ?
Je pense que la vie après le confinement ne sera plus comme avant, mais qu’une prise de conscience est en train de s’opérer ; du moins une belle leçon d’humilité à retenir : a-t-on vraiment besoin de tous ces objets, vêtements, distractions, voyages au détriment de tous les autres êtres vivants ?
Autre question : Où sont passés tous ces réfugiés qui s’entassent aux frontières ? Ont-ils tous disparus ? Tout comme les individus qui meurent de faim, de tuberculose, du paludisme etc ? Je m’interroge et je m’emporte aussi parfois face à ce sentiment de guerre de l’information qui se joue, que bien d’autres misères du monde sont mises de côté…
Le dernier message que je voudrais transmettre aux Pugétois c’est “Courage !” mais heureusement dans notre petit village nous avons encore la chance de ne pas être trop touchés quand même…