Mathilde Grimaud, 32 ans, pugétoise et aide-soignante aux urgences au Centre Hospitalier Intercommunal Sainte-Musse à Toulon nous livre son quotidien de personnel soignant et de maman : une double casquette difficile en cette période de confinement.
A quoi votre quotidien ressemble-t-il depuis le confinement ?
En tant qu’aide-soignante aux urgences, j’avais déjà un rythme soutenu. Avec le Covid-19, mes journées ou mes nuits (Ndlr : Mathilde alterne entre travail de jour ou de nuit) sont devenues, vous vous en doutez, encore plus intenses.
Côté vie de “Maman”, j’ai une petite fille en garde alternée, c’est ma mère qui prend le relais pour moi pendant la période de confinement car j’ai décidé pour préserver ma fille au maximum qu’elle la garde. Cela a été une décision difficile à prendre mais j’ai préféré faire ce choix-là pour son équilibre. Je respecte bien sûr les gestes barrières (d’autant plus dans mon métier, l’hygiène stricte est une évidence) mais j’ai ajouté à cela celui de ne pas faire subir à ma fille mon quotidien devenu bien plus lourd à gérer et ce qui va avec : extrême fatigue, tension, heures de travail soutenues, rythme perturbé…J’en ai pleuré parfois je ne vous le cache pas.
Votre avis sur l’hommage rendu tous les soirs aux soignants à 20 heures ?
Devant l’hôpital tous les soirs, c’est magnifique : nous avons les policiers, les chauffeurs de bus qui nous acclament. Nous avons même eu le droit au “Pilou, Pilou”.
On a pu lire certains commentaires sur les réseaux sociaux qui remettaient en cause cet hommage estimant que le soutien devrait être constant, qu’en pensez-vous ?
Cet élan, c’est vraiment quelque chose de beau, de formidable. Ça nous fait plaisir, ça nous fait du bien car c’est vrai que c’est difficile tous les jours alors, au contraire, tant mieux qu’il y ait cet élan qui permet aux gens d’exprimer à leur manière ce soutien aux soignants mais effectivement sauver des vies, soigner, c’est notre quotidien, espérons que cette reconnaissance perdure.
Un message à transmettre ?
Je voudrais saluer la générosité, l’entraide et la solidarité des Pugétois. Je voudrais aussi rappeler l’importance du “Restez chez vous”. Restez chez vous ! Vraiment ! Il y a trop de gens dehors, respectez le confinement car ça n’arrive pas qu’aux autres. Respecter le confinement évitera – autant que faire se peut – de saturer les services et permettra de sortir au plus vite de cette crise sanitaire. Je souhaite aussi du courage à ceux qui sont confinés car cela ne doit pas être facile mais il faut tenir bon. Je pense aussi beaucoup aux femmes battues(1), aux enfants en détresse(2), toutes ces familles où il y a de la violence…Toutes les personnes en difficulté pour qui le confinement s’ajoute aux difficultés qu’elles rencontraient déjà…
Numéros utiles :
(1)Pour les femmes victimes de violences conjugales, le 39-19 (de 9 heures à 19 heures, du lundi au samedi) ou en ligne sur arretonslesviolences.gouv.fr (vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept). La secrétariat d’Etat chargé de l’égalité a par ailleurs mis en place des nouvelles mesures pour aider les personnes confinées avec des conjoints violents.
(2)Pour les enfants en danger, le 119 (vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept). Les victimes de violences intrafamiliales peuvent également désormais donner l’alerte via un SMS adressé au 114.